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Valérie Hirschfield, 58 ans, sportive unijambiste : le témoignage d’une patiente qui bat tous les records

le 05/04/2022

 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Valérie Hirschfield, 58 ans, mariée. Je suis née à Toulon en 1964. Je vis dans le sud de la France et je suis une grande amoureuse de sport depuis toujours. Je suis également l’heureuse mère de trois grands garçons (et même grand-mère) !

Il y a dix-huit ans, j’ai demandé à être amputée de la jambe gauche après avoir été infectée par un staphylocoque doré au sein d’un établissement de santé dans lequel j’avais été hospitalisée pour une brûlure.

Comment s’est déroulée votre amputation ?

Après l’infection, j’ai subi plusieurs opérations et suivi un important traitement médicamenteux, en vain. Ma jambe gauche a très rapidement été touchée par la gangrène. Celle-ci était très avancée et aurait pu entraîner mon décès. Je ne parvenais plus à plier mon genou. Mes douleurs articulaires au niveau du pied et de la cheville s’amplifiaient sans cesse.

Après y avoir mûrement réfléchi, j’ai pris la décision de me faire amputer à l’hôpital de La Seyne-sur-Mer, en 2004, près d’un an après l’apparition des premiers symptômes de la gangrène, qui m’ont valu plusieurs mois d’inactivité et de douleurs atroces. Cette décision a été une réelle délivrance.

Comment avez-vous vécu la période postopératoire ?

Après mon amputation fémorale, je me suis sentie libérée et en pleine forme, bien qu’il m’ait fallu plusieurs mois pour me reconstruire, puisque j’avais été très malade longtemps auparavant. J’ai décidé de me recentrer à 100 % sur mon rôle de mère de famille, avant même d’envisager une rééducation. J’ai d’ailleurs vécu dix ans sans prothèse, en me déplaçant simplement à l’aide de béquilles. Cela ne m’a jamais empêchée de continuer mes multiples activités sportives.

Ce n’est qu’en 2015 (dix ans après mon amputation) que j’ai souhaité entamer une rééducation et envisager le port d’une prothèse, dans l’objectif de participer à une course de paddle. J’avais déjà appris à faire du paddle sans prothèse, mais pour participer à cette course, une prothèse s’avérait nécessaire. Cet événement m’a servi de déclic.

À quelle étape de votre vie avez-vous été prise en charge à la Clinique Provence-Bourbonne ?

J’ai intégré la Clinique Provence-Bourbonne en 2015, en hôpital de jour, sur les conseils de mon prothésiste qui y travaillait à raison de trois après-midi par semaine. Ma rééducation a duré environ cinq mois. Là-bas, j’ai pu apprendre à corriger et à améliorer ma marche. J’ai également beaucoup travaillé sur les descentes et les montées avec une kinésithérapeute d’exception et, bien sûr, j’ai appris à apprivoiser ma prothèse. Cette étape de ma vie m’a apporté plus de confiance en moi.

Il m’est arrivé une fois de sortir d’une séance de rééducation tardivement. Il faisait nuit, je devais rejoindre l’emplacement de ma voiture et j’ai été prise de panique en marchant avec ma prothèse face à l’irrégularité du sol. J’ai dû apprendre à affronter ce type de peur et à avancer coûte que coûte, et j’y suis parvenue ! À l’heure actuelle, je ressens parfois une douleur du membre fantôme, mais cela ne me déstabilise pas pour autant.

Par la suite, êtes-vous parvenue à participer à la compétition de paddle ?

Bien sûr ! La compétition avait lieu quelques mois plus tard. J’avais, à l’époque, validé 180 km sur 220 (en cinq jours). J’ai souhaité aller plus loin en participant à la même compétition, un an plus tard. Résultat : j’ai validé les 220 km sur cinq jours !

Aujourd’hui, je reste toujours très active. Je suis également une grande passionnée de planche à voile, de flyboard, de tennis (fauteuil et debout). Je suis également une habituée des courses d’escaliers à Paris (tour Montparnasse, tour Eiffel…) dans l’objectif de récolter des fonds pour les enfants malades. Ces défis m’animent au quotidien !

Comment vous projetez-vous dans l’avenir ?

Je vis au jour le jour. La vie est incertaine et il est préférable de ne pas se poser trop de questions. Je fais de mon mieux aujourd’hui, sans trop me préoccuper du lendemain. Je souhaite continuer à garder une routine active le plus longtemps possible !